
Photo: Shutterstock
Les personnes atteintes de dépression majeure oublient souvent de le déclarer lorsqu’ils participent à une enquête… Oubli, peur, tabou ? Tout cela contribue à une très mauvaise estimation de ce qui est un problème de santé publique…
Aux USA, les données d'une enquête nationale montrent actuellement qu'environ 17 % des femmes et 10 % des hommes déclarent avoir eu des épisodes dépressifs majeurs (EMD) au cours de leur vie.
Des chercheurs étasuniens travaillant pour le département de la santé ont créé un modèle de simulation pour générer des estimations corrigées de la dépression au cours de la vie. Ils ont constaté que la proportion d'adultes américains ayant subi des EMD est en fait plus proche de 30 % des femmes et 17 % des hommes après avoir pris en compte les « oublis ». C’est ce qui fait dire aux auteurs que les épisodes dépressifs majeurs sont beaucoup plus fréquents que nous le pensons généralement. Le modèle montre que la probabilité qu'une personne ait un premier épisode dépressif majeur est particulièrement élevée pendant l'adolescence. Or, un premier épisode dépressif majeur augmente la probabilité d'en avoir un deuxième. Cela signifie qu’en détectant tôt ces épisodes et en les traitant, il serait possible d’influer positivement par la suite.
Un épisode dépressif majeur est défini comme une période de deux semaines ou plus au cours de laquelle une personne éprouve des sentiments de tristesse et de désespoir intenses, de la fatigue, une prise ou une perte de poids, des changements dans les habitudes de sommeil, une perte d'intérêt pour les activités et des pensées suicidaires ou des tentatives de suicide. Ces symptômes persistants ne peuvent pas être facilement modifiés, même s'ils sont contradictoires avec la situation de la personne. Les épisodes dépressifs réapparaissent généralement de façon périodique chez les personnes chez qui on a diagnostiqué une dépression majeure.
Les chercheurs ont également constaté que les personnes âgées sont particulièrement susceptibles de sous-estimer leurs antécédents de symptômes dépressifs. Chez les adultes de 65 ans et plus, la sous-déclaration de la dépression atteignait 70 %. Les personnes âgées souffrent souvent de ce que l'on appelle une "dépression mineure", c'est-à-dire qu'elles signalent toujours des symptômes dépressifs importants, mais ne répondent pas toujours aux critères cliniques d'une dépression majeure. Selon les auteurs, les personnes âgées pourraient avoir tendance à minimiser les expériences négatives de dépression qu'elles ont vécues lorsqu'elles étaient plus jeunes, en les classant dans la catégorie des "douleurs de croissance" plutôt que dans celle de la dépression majeure.
U.S. Simulation of Lifetime Major Depressive Episode Prevalence and Recall Error