
Cinq mois après le retentissant procès des viols de Mazan, le gouvernement français est appelé à passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre la soumission chimique, en débloquant des moyens pour améliorer la prévention et l'accompagnement des victimes de ce fléau.
"Notre message est clair: si on veut endiguer ce phénomène, il faut mettre en place une vraie politique d'État avec les moyens qui vont avec", déclare à l'AFP la députée Sandrine Josso, co-rapporteure avec la sénatrice Véronique Guillotin de cette mission lancée en avril 2024 par le gouvernement de Gabriel Attal.
Le procès dit de Mazan (sud-est de la France), devenu le symbole de la soumission chimique autour des viols subis par Gisèle Pelicot, sédatée par son mari et dont le retentissement a été mondial, "a créé un électrochoc, la société toute entière nous regarde".
"On ne peut plus fermer les yeux ni se boucher les oreilles, on ne peut plus se permettre d'avoir une politique 'low-cost' par rapport aux victimes", ajoute-t-elle.
Dans leur rapport consulté par l'AFP et qui sera remis au gouvernement de François Bayrou lundi, les deux élues émettent une cinquantaine de recommandations, dont 15 à "mettre en œuvre en priorité" dès cette année.
Elles préconisent notamment le lancement, à un rythme annuel, d'une vaste campagne de sensibilisation de l'ensemble de la population, ainsi qu'"un renforcement des moyens" au bénéfice de l'éducation à la vie affective et sexuelle dans les établissements scolaires.
Ainsi que la généralisation de l'expérimentation sur le remboursement des prélèvements biologiques sans dépôt de plainte ou encore l'élargissement de la levée du secret médical aux cas de soumission et de vulnérabilité chimiques. La mission recommande par ailleurs la mise en place de kits de prélèvements biologiques, et non de détection "qui ne présentent aucune garantie pour leurs usagers".
La présentation de ce rapport survient cinq mois après le verdict dans le procès des viols de Mazan à l'issue duquel Dominique Pelicot a été condamné à la perpétuité pour avoir drogué et livré sa femme à des dizaines d'inconnus qui l'ont violée.
Ce procès, à l'immense retentissement médiatique, a permis de lever le voile sur un phénomène jusque-là méconnu ou alors cantonné dans l'imaginaire collectif aux sphères festives après un vaste mouvement européen, #balancetonbar.
Selon les estimations officielles françaises, 1.229 soumissions et vulnérabilités chimiques vraisemblables ont été analysées en 2022 par le centre de référence des agressions facilités par les substances (CRAFS).
source: belga