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Dépister beaucoup augmente les chances de détecter un cancer, mais aussi le risque de faux positifs, dépister moins réduit ce risque, mais augmente celui de passer à côté d’un cancer agressif… Que choisir ?
Une étude tente de répondre à cette épineuse question dans le cancer prostatique, mais qui s’est posée aussi et se pose encore pour le cancer du sein. L’objectif est de réduire les surdiagnostics et les surtraitements.
Les chercheurs étasuniens ont identifié plus de 438 000 hommes atteints d'un cancer de la prostate nouvellement diagnostiqué entre 2010 et 2018 en utilisant une base de données représentative au niveau national. Ils ont examiné les tendances de l'incidence du cancer de la prostate par risque de maladie en utilisant plusieurs mesures. L'une des mesures était le score de Gleason. Les mesures supplémentaires étaient le niveau de PSA et la présence de métastases au moment du diagnostic. Ils ont également cherché à savoir si l'augmentation des taux d'obésité ou l'arrivée de nouveaux outils de diagnostic tels que l'imagerie par résonance magnétique (IRM) pré-biopsie et les biomarqueurs pouvaient expliquer les tendances de l'incidence.
L'analyse a révélé une baisse significative de l'incidence du cancer de la prostate le moins risqué, le grade 1 de Gleason (GG1), qui est passé de 52 à 26 cas pour 100 000 hommes dans tous les groupes d'âge. En outre, la proportion de GG1 trouvés sur la pathologie chez les hommes ayant subi une prostatectomie radicale a diminué de 32 à 10 %. Cependant, dans le même temps, les taux de métastases au moment du diagnostic ont augmenté de 3,0 à 5,2% pour cent. Or , en 2012, le groupe de travail américain sur les services préventifs (USPSTF) a recommandé de ne pas dépister tous les hommes avec le test PSA, concluant que les avantages du test, qui mesure les niveaux d'une protéine souvent surproduite dans les cellules cancéreuses de la prostate, ne compensaient pas les risques. Puis en 2018, l'USPSTF a publié une révision pour inclure la prise de décision partagée pour le test PSA chez les hommes âgés de 55 à 69 ans, reflétant les preuves émergentes des avantages à plus long terme et l'adoption généralisée de la surveillance active après la détection d'une maladie à faible risque.
L'arrêt du test PSA semble être le principal moteur de ces tendances. Pour les chercheurs, le fait que seulement 10 % des prostatectomies radicales présentent un cancer de la prostate de bas grade indique que même lorsque le cancer de bas grade est diagnostiqué, il est traité beaucoup moins fréquemment. La surveillance avec intention curative a donc bien été acceptée par les médecins et les patients à l'échelle nationale.