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C’est sous forme d’avertissement que des scientifiques s’expriment dans la revue Science & Diplomacy…
Les chercheurs constatent que les données publiques concernant le Covid-19 manquent de cohérence entre les instituts nationaux de santé publique des différents pays, ce qui limite considérablement leur utilité. En effet, lorsqu'ils ont vérifié les informations disponibles sur les différents pays, ils ont constaté un étonnant manque de cohérence, non seulement pour les données ventilées par sexe, mais aussi pour tout type d'information clinique ou démographique.
Leur recherche a porté sur les données rapportées par les agences de santé publique des pays fortement touchés par la COVID-19, sur les efforts de partage des données sur les séquences du génome viral et sur les données présentées dans les publications et les prépublications.
Au moment de l'étude, les 15 pays présentant la charge de COVID-19 la plus élevée à l'époque comprenaient les États-Unis, l'Espagne, l'Italie, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Turquie, l'Iran, la Chine, la Russie, le Brésil, la Belgique, le Canada, les Pays-Bas et la Suisse. Ensemble, ces pays représentaient plus de 75 % des cas mondiaux déclarés. L'équipe de recherche a passé au peigne fin les données présentées sur les différents sites web de l'institut de santé publique pour chaque pays, en examinant d'abord les tableaux de bord que beaucoup d'entre eux fournissaient pour un aperçu rapide des données clés. Ensuite, les chercheurs ont analysé plus en profondeur d’autres données.
Le contenu des données qu'ils ont trouvées était extrêmement hétérogène. Par exemple, alors que la plupart des pays continuaient à faire des totaux sur les cas confirmés et les décès, la disponibilité d'autres types de données - comme le nombre de tests effectués, les aspects cliniques de la maladie tels que les comorbidités, les symptômes ou l'admission aux soins intensifs, ou encore les informations démographiques sur les patients, comme l'âge ou le sexe - différait largement d'un pays à l'autre.
De même, le format dans lequel les données étaient présentées manquait de cohérence entre ces instituts. Parmi les 15 pays, les données ont été présentées en texte clair, en HTML ou en PDF. Onze d'entre eux ont proposé un tableau de bord interactif sur le web, et sept ont mis à disposition des données séparées par des virgules pour le téléchargement. Ces différents formats compliquent considérablement les comparaisons.
Or, un système robuste de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est déjà en place pour permettre un partage uniforme des données sur les génomes de la grippe, par exemple. Celui-ci a été adapté pour le Covid-19 et a déjà contribué à faire avancer certains types de recherche.
En outre, ils insistent, vu l'explosion de la recherche sur le Covid-19, pour que ces données soient gérées par des experts capables de parcourir les milliers d'articles publiés sur cette maladie depuis le début de la pandémie afin d'identifier les recherches translationnelles les plus intéressantes.
L’ajout de cohérence dans les données ne pourra que renforcer les discours menant à une bonne prophylaxie. A l’inverse, l’incohérence mène souvent à une désobéissance de mesures qui demeurent incomprises…