Formulaire de recherche

Cancer, muscles et fer: à ne pas négliger!
28/02/2022 - 01:35
Photo: Shutterstock

Des chercheurs italiens et belges, de Leuven et d’Antwerpen, ont réalisé une étude qui fera date pour la prise en charge des patients cancéreux et le combat contre la cachexie.

Pour mémoire, la cachexie constitue une quasi constante chez les patients atteints d’un cancer à un stade avancé, atteignant environ 80% de ceux-ci. Les auteurs de l’étude ont cherché à mieux comprendre l’origine de cette cachexie. C’est important, car les experts estiment qu’environ 20% de tous les décès liés au cancer seraient dus à cette perte de masse musculaire. Les patients entrent dans une spirale descendante s’accompagnant d'une diminution incontrôlable de leur qualité de vie, d'une résistance à l'insuline, d'un dysfonctionnement hépatique, d'une inflammation chronique, d'une altération du microbiote intestinal et de l'absorption des nutriments. Inverser cette tendance pourrait donc potentiellement prolonger la vie et la qualité de vie des patients.

Les chercheurs ont tout d'abord cherché à savoir si la carence en fer, déjà connue pour être très répandue chez les patients atteints de cancer et associée à un mauvais pronostic, était liée à la cachexie. Pour ce faire, une anémie ferriprive sévère, typique des patients cancéreux, a été induite chez des souris par une combinaison de régime sans fer et de phlébotomie, qui réduit le volume de sang circulant. Cela a entraîné une atrophie musculaire chez ces souris, étayant l'hypothèse selon laquelle la perturbation du métabolisme du fer est associée à l'apparition de la fonte musculaire associée au cancer.

Par la suite, ils ont découvert que la fonction et la masse musculaires, et même une survie plus longue chez les modèles murins de cancer du côlon, pouvaient être maintenues par une supplémentation en fer, prévenant ou inversant la cachexie. Les souris étaient en meilleure santé et plus actives physiquement. Elles ont même survécu au-delà des deux semaines habituelles. Elles ont aussi bénéficié d’une meilleure force physique dans les 24 heures après les injections de fer, et ce jusqu'à la fin de l'expérience.

Des essais cliniques ouverts ont été menés chez des patients à qui on a administré du carboxymaltose ferrique. Les résultats ont montré une amélioration modérée de la force musculaire après quelques jours. Cependant ceux-ci doivent être interprétés avec prudence, car il n’y avait pas de groupe placebo. Il faudra aussi confirmer l’intérêt de cette supplémentation dans d’autres cancers. Certains sont en effet dépendants en fer pour leur croissance…

Par ailleurs, l’atrophie musculaire est caractéristique d’autres maladies chroniques comme la BPCO ou l’insuffisance cardiaque pour lequel le fer pourrait avoir un intérêt. On peut se poser la question aussi en ce qui concerne les personnes âgées fragiles…

Iron supplementation is sufficient to rescue skeletal muscle mass and function in cancer cachexia