
L’épidémie d’opioïdes a causé plus de 500 000 décès aux États-Unis depuis 1999, touchant majoritairement les hommes (75 % des cas). Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Washington University School of Medicine in St. Louis, publiée le 10 mars dans Neuron, suggère que cette différence pourrait être liée à des facteurs biologiques.
L’étude a examiné le comportement de rats mâles et femelles confrontés à une douleur chronique. Les mâles s’administraient des doses croissantes de fentanyl, tandis que les femelles maintenaient une consommation stable. Les chercheurs ont identifié un lien avec les hormones sexuelles : l’administration d’œstrogènes aux mâles stabilisait leur consommation, la rendant similaire à celle des femelles.
Le fentanyl bloque la douleur et stimule la libération de dopamine, procurant une sensation d’euphorie. Chez les rats mâles en douleur chronique, la réponse dopaminergique au fentanyl augmentait progressivement, entraînant une consommation accrue. Les femelles et les mâles sans douleur ne montraient pas ce phénomène. De plus, les femelles privées d’ovaires adoptaient un comportement semblable aux mâles, tandis que l’administration d’œstrogènes aux mâles réduisait leur usage de fentanyl.
Ces résultats suggèrent que l’équilibre des hormones sexuelles influence la vulnérabilité à l’abus d’opioïdes. Une baisse des œstrogènes, notamment après la ménopause, pourrait expliquer l’augmentation des cas chez les femmes âgées. Cette étude ouvre la voie à de nouvelles approches ciblant l’équilibre hormonal pour prévenir l’usage excessif des opioïdes chez les patients souffrant de douleur chronique.