
Les médecins généralistes francophones sollicitent les décideurs sur des problématiques qui nécessitent des "réponses de la sphère politique", notamment en ce qui concerne l'interruption volontaire de grossesse (IVG), les polluants éternels PFAS et l'augmentation des quotas de médecins généralistes. Une douzaine de thématiques sont mises en avant dans un mémorandum pour une médecine de qualité publié jeudi par la Société scientifique de médecine générale (SSMG).
À l'approche de la journée électorale, la SSMG, qui représente 3.500 médecins généralistes francophones, formule ses r ecommandations à l'attention des décideurs.
Les médecins généralistes rappellent leur position "sans équivoque" sur le fait qu'il est primordial d'avoir la possibilité de recourir à une IVG sans danger et que cet accès doit être défendu "coûte que coûte", citant les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à cet égard. Ils plaident pour qu'une formation "qualitative et accessible" soit délivrée pour lutter contre la pénurie de médecins habilités à pratiquer l'IVG, alors qu'environ 18.000 personnes sont concernées en Belgique chaque année.
Les médecins généralistes évoquent aussi la problématique de la présence de PFAS dans l'eau courante de nombreuses communes et exigent une "totale transparence" des résultats des analyses relatives à ces composés chimiques, mais aussi à d'autres familles de perturbateurs endocriniens et polluants.
En matière de vaccination, ils plaident pour la création d'un registre national et des mesures concrètes pour renforcer la couverture vaccinale. À ce titre, ils recommandent de supprimer le ticket modérateur du vaccin afin de le rendre gratuit pour les groupes à risque, ainsi que de mettre à disposition un stock de vaccins aux médecins généralistes, "ce qui permettrait de vacciner directement les patients qui se présentent en consultation pour une autre raison".
La SSMG recommande par ailleurs aussi le maintien de l'augmentation des quotas de médecins et alerte sur la nécessité de lutter contre la surcharge administrative. Il s'agit de simplifier par exemple les certificats d'incapacité de travail dans les organismes publics, ou d'interdire les certificats redondants, tels que ceux de reprise du travail ou de crèche.
Parmi les autres recommandations, figurent la lutte contre les conséquences néfastes de l'alcool (par une interdiction de la publicité, l'augmentation des prix, l'eau gratuite dans l'horeca,...) ou la reconnaissance des soins en santé mentale aux personnes âgées comme une spécialité à part entière.
Le docteur Quentin Mary, président de l'association, note que le mémorandum des médecins généralistes est diffusé à un moment opportun alors que les élections vont rebattre les cartes de l'échiquier politique belge et européen. "En tant que personnes de terrain, nous faisons le lien entre les patients et le monde politique, et il est important de faire remonter l'information", commente-t-il.
Toutes les problématiques abordées dans le mémorandum sont importantes, souligne aussi Quentin Mary, mais les sujets touchent différents niveaux de pouvoir : "L'aspect environnemental des PFAS est aussi important au niveau européen, mais d'autres le sont plus au niveau belge, comme la vaccination, la simplification administrative ou le respect du travail."
Il insiste sur le fait que la SSMG est "ouverte à tous les partis pour discuter de tous ces aspects-là". "Nous ne sommes pas politiques, ni un syndicat. Le but est d'être ouvert à toutes les parties prenantes dans les soins de santé en Belgique et à l'Europe."
Le docteur Mary insiste encore sur l'importance de la prévention, rappelant que tout argent investi en la matière "est multiplié" pour la santé publique.
source: belga