
"On espère ne plus jamais revivre ça, même si nous avons beaucoup appris lors de cette crise", a commenté mardi le CEO de Newpharma, Jérôme Gobbesso, lors d'une interview accordée à l'agence Belga. Après avoir vu son chiffre d'affaires multiplié jusqu'à trois au plus fort de la pandémie, le leader de la pharmacie en ligne constate désormais un retour à la normale, avec des ventes qui demeurent néanmoins en hausse de 20 à 30% par rapport au début de l'année.
Lorsqu'est survenue la crise sanitaire, "tout s'est détraqué du jour au lendemain", se remémore M. Gobbesso. "D'un coup, les ventes explosent, mais la sociét&e acute; n'est pas prête d'un point de vue logistique. On ne peut pas pousser les murs. L'ensemble de la chaîne d'approvisionnement dysfonctionne, des fournisseurs aux transporteurs. On est donc dans l'incapacité d'honorer les commandes, avec un taux de livraison dans les 24 heures qui chute de 95% à 5%, et contraints de rembourser les clients."
L'entreprise basée à Wandre (Liège) se retrouve alors dans l'obligation de réagir, vite, tout en évoluant dans un contexte d'incertitude quant au virus et aux décisions du gouvernement, avec des commandes multipliées par deux ou trois. "Nous avons ouvert un shift de nuit, recruté plus de 200 intérimaires et développé de nouvelles procédures pour réduire au maximum le risque sanitaire", énumère le CEO.
Malgré un impact négatif sur les résultats en raison du coût de toutes les adaptations qui ont été nécessaires, M. Gobbesso retire néanmoins du positif de cet épisode. "La société a engrangé énormément de maturité. Cela a permis de mettre en exergue des petits soucis qui causent de gros problèmes."
En comparaison, le patron de Newpharma estime que la crise a posé moins de difficulté en Belgique qu'en France, l'un des autres marchés où sa société est active. "Nous n'avons pas eu à faire face à des problèmes d'approvisionnement en Dafalgan, qui est produit aux Etats-Unis. A contrario, la Chine a gardé pour elle son Doliprane, soit le médicament équivalent commercialisé en France. Par ailleurs, la décision de limiter les prix du gel et des masques a incité les entreprises françaises à vendre leur stock à l'étranger."
S'il dit se trouver dans "l'incertitude totale" pour les prochaines semaines, Jérôme Gobbesso constate que ses clients "ne veulent plus entendre parler du coronavirus". "Pour la première fois dans l'histoire de l'entreprise, un e-mail - à propos de masques - a suscité de nombreuses réactions négatives", témoigne-t-il. Sur une note plus légère, le CEO ne croit pas à l'idée selon laquelle le confinement aurait mis la majorité des couples en difficulté. "Je pense que beaucoup se sont aussi rapprochés. En tout cas, nos commandes de tests de grossesse ont doublé."