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Pour la première fois, une étude concernant un vaccin contre le Covid-19 est parue. C’est important, car la publication d’un article soumise à la critique du public constitue actuellement la base pour l’autorisation de mise sur le marché, même si on a largement dérogé à cette règle depuis le début de la pandémie
L’étude concernant le vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca et de Oxford University vient de paraître dans le Lancet. Les résultats globaux étaient connus : 70% d’efficacité par rapport au groupe contrôle, ayant reçu le vaccin contre le méningocoque (ACWY) ou un placebo. Ceux-ci sont la somme de 4 études menées en parallèle au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud. Cela signifie que, dans trois populations très différentes, l’efficacité est restée la même, ce qui est rassurant.
Le suivi médian a été de 3 mois. Dans le contexte actuel, on peut estimer que c’est suffisant pour permettre d’entreprendre une vaccination à plus large échelle. D’autres vaccins avec le même suivi sont déjà sur le marché…
Entre le 23 avril et le 4 novembre 2020, 23 848 participants ont participé et 11 636 participants (7548 au Royaume-Uni, 4088 au Brésil) ont été inclus dans l'analyse primaire d'efficacité intermédiaire. Chez les participants ayant reçu deux doses standard, l'efficacité du vaccin était de 62,1% et chez les participants ayant reçu une faible dose suivie d'une dose standard, l'efficacité était de 90%. Il n’y a pas de différence d’efficacité dans les groupes ayant reçu la deuxième dose endéans les 6 semaines ou après ce délai. À partir de 21 jours après la première dose, dix cas ont été hospitalisés pour COVID-19, tous dans le groupe témoin ; deux ont été classés comme COVID-19 grave, dont un décès.
Dans la discussion de l’article, les auteurs analysent les raisons d’une meilleure efficacité apparente de la première vaccination à faible dose (LD), comparativement à celle de la dose standard (SD). Tout d’abord, cette « erreur » est survenue au Royaume-Uni sur un petit groupe de personnes. Les auteurs n’excluent pas un effet du hasard, mais des différences existent entre sous-groupes. Ainsi des personnes asymptomatiques ont été vaccinées par un vaccin LD puis un vaccin SD et ont bénéficié d’une efficacité de 58,9% versus 3,8% pour le groupe asymptomatique SD/SD. Des études plus poussées sont en cours afin d’analyser ce résultat. Toutefois, les pédiatres connaissent également ce phénomène lors de vaccination avec le vaccin conjugué contre le méningocoque, par exemple. Pouvoir donner une demi-dose de vaccin doublerait évidemment le potentiel de population pouvant être vacciné. Or, atteindre rapidement une couverture vaccinale suffisante est un objectif sanitaire et un enjeu sociétal.