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L’obésité est un problème de santé publique mondial. Les moyens de lutte sont nombreux et on a souvent avancé l’intérêt d’un traitement hormonal, mais gare aux abus.
Des chercheurs ont étudié les effets de l'hormone, appelée Lipocalin-2 (LCN2), pourrait être utilisée comme traitement potentiel chez les personnes obèses dont les signaux naturels de sensation de satiété ne fonctionnent plus.
L’hormone est principalement produite par les cellules osseuses et se trouve à l'état naturel chez les souris et les humains. Des études chez la souris ont montré que l'administration de LCN2 aux animaux sur le long terme réduit leur consommation alimentaire et empêche la prise de poids, sans entraîner de ralentissement de leur métabolisme.
La LCN2 agit comme un signal de satiété après un repas, ce qui conduit les souris à limiter leur consommation alimentaire, et ce en agissant sur l'hypothalamus dans le cerveau. Les chercheurs voulaient savoir si la LCN2 a des effets similaires chez l'homme, et si une dose de ce produit serait capable de traverser la barrière hémato-encéphalique.
L'équipe a d'abord analysé les données de quatre études différentes menées aux États-Unis et en Europe sur des personnes ayant un poids normal, en surpoids ou souffrant d'obésité. Les personnes de chaque étude ont reçu un repas après un jeûne d'une nuit, et la quantité de LCN2 dans leur sang avant et après le repas a été étudiée. Les chercheurs ont constaté que chez les personnes ayant un poids normal, il y avait une augmentation des niveaux de LCN2 après le repas, ce qui coïncidait avec le sentiment de satiété.
En revanche, chez les personnes en surpoids ou obèses, les niveaux de LCN2 diminuaient après le repas. Sur la base de cette réponse après le repas, les chercheurs ont regroupé les personnes en tant que non-répondants ou répondants. Les non-répondants, qui ne présentaient aucune augmentation de la LCN2 après un repas, avaient tendance à avoir un tour de taille plus important et des marqueurs de maladie métabolique plus élevés. Par ailleurs, des personnes ayant perdu du poids après un bypass gastrique, par exemple, ont retrouvé leur sensibilité à la LCN2, passant du statut de non-répondeurs avant leur opération à celui de répondants après.
Après avoir vérifié que le LCN2 peut pénétrer dans le cerveau, l'équipe a cherché à savoir si le traitement par cette hormone pourrait réduire la consommation alimentaire et empêcher la prise de poids. Pour ce faire, ils ont traité des singes avec du LCN2 pendant une semaine. En une semaine, ils ont constaté une diminution de 28 % de l'apport alimentaire par rapport à celui d'avant le traitement, et les singes ont également mangé 21% de moins que leurs congénères qui n'avaient été traités qu'avec du sérum physiologique. Des résultats intéressants, mais on imagine aussi déjà les risques liés à l’usage de cette hormone…