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Les soignants qui travaillent avec des toxicomanes dans des salles de consommation de drogues ne pourront bientôt plus être poursuivis. La commission Santé de la Chambre vient en effet d'approuver, mardi, un projet de loi en ce sens porté par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit). La N-VA et le Vlaams Belang ont voté contre.
La Belgique compte actuellement deux "salles de consommation de drogues à moindre risque": depuis 2018 à Liège et depuis l'an dernier à Bruxelles. Ces espaces réduisent les risques pour les consommateurs qui partagent moins de seringues et qui sont moins exposés aux overdoses. Ils permettent également de réduire les nuisances dans l'espace public.
Des équipes multidisciplinaires de prestataires de soins, dont des infirmières et des travailleurs sociaux, sont présentes dans ces salles. À l'heure actuelle, elles peuvent être poursuivies pour 'facilitation' de la consommation de drogues sur base d'une loi de 1921.
Cette situation appartiendra bientôt au passé grâce au texte voté ce mardi en commission et qui passera prochainement en séance plénière. "Les prestataires de soins qui aident les personnes en situation de dépendance doivent pouvoir le faire sans souci", a défendu le ministre Vandenbroucke.
Les autorités régionales et locales restent quant à elles responsables de l'encadrement et de l'organisation des salles de consommation. Le projet de loi prévoit une période transitoire de six mois.
Dans l'opposition, la N-VA et le Belang se sont opposés au projet de loi. "Deux entités fédérées organisent une pratique illégale; elles viennent frapper à votre porte et vous modifiez la loi", a ainsi dénoncé Kathleen Depoorter (N-VA). "Vous facilitez l'usage de drogues illégales. La consommation de drogue est interdite. Maintenez ça en l'état", a-t-elle insisté. Le PTB, lui, a approuvé le texte, tout comme DéFI qui ne dispose toutefois pas de droit de vote en commission.
Dans les rangs de la majorité Daniel Bacquelaine (MR) a estimé que le débat prenait une mauvaise tournure. "Il ne s'agit pas de savoir si ces salles doivent être créées. Ce texte apporte une sécurité juridique à leurs encadrants", a-t-il pointé.
"Nous devons travailler sur différents aspects. Ce n'est pas une solution, mais ça permet de limiter les dégâts", a ajouté Els Van Hoof (CD&V) tandis que pour l'Open Vld, Robby De Caluwé rappelait que ce système permet à des personnes exclues de la société d'être orientées vers l'aide sociale et les soins réguliers. Ce projet ne constitue pas non plus un pas vers la légalisation, a renchéri Karin Jiroflée (Vooruit).
"Je suis absolument contre la normalisation de la consommation de drogue. Je soutiens la politique du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne", a pour sa part assuré le ministre Vandenbroucke.
Source: belga