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Près d'un quart des prestataires de soins utilisent trop peu de matériel de protection
07/07/2020 - 10:20
Photo: Shutterstock

Selon une étude menée par l'Université d'Anvers à la demande de l'Union Générale des Infirmiers de Belgique, la majorité des prestataires de soins disposent d'équipements de protection individuelle en suffisance. Cependant, le matériel n'est pas toujours utilisé conformément aux directives de Sciensano.

C'est ce que révèle une étude de suivi menée par l'Université d'Anvers à la demande de l'Union Générale des Infirmiers de Belgique et en collaboration avec deux chercheurs francophones de l'Université Catholique de Louvain et de l'Université Libre de Bruxelles. L'objectif de cette étude est d'obtenir un aperçu des besoins actuels des prestataires de soins dans les hôpitaux, dans les centres de soins résidentiels et dans les soins à domicile dans le cadre du coronavirus. 1376 prestataires de soins ont participé à cette enquête au mois de juin.

« Nous constatons une évolution positive par rapport aux résultats du mois de mai et pouvons conclure que la grande majorité des prestataires de soins qui s'occupent de patients COVID-19 disposent de suffisamment d'équipements de protection », déclare le Dr Filip Haegdorens (Université d'Anvers). « Au vu de nos résultats, les pénuries de matériel de soins semblent également diminuer dans tous les secteurs ».

Les chercheurs ont aussi interrogé les prestataires de soins COVID-19 sur l'utilisation des équipements de protection. « Nous avons remarqué que 23 % des prestataires de soins employaient trop peu d'équipements de protection par rapport aux directives de Sciensano et que 56 % en utilisaient trop ». Les chercheurs ont présenté deux cas concrets dans lesquels les soins d'un patient COVID-19 étaient expliqués et pour lesquels les soignants devaient sélectionner le bon matériel de protection. Il est frappant de constater que 11 % des prestataires de soins COVID-19 ont indiqué ne pas savoir quel matériel utiliser. « C'est un résultat préoccupant, puisque nous n'avions posé cette question qu'aux prestataires de soins ayant pris en charge des patients COVID-19 au cours des sept derniers jours », précise M. Haegdorens. « Nous pensons qu'il faut se pencher plus attentivement sur la formation correcte du personnel soignant pour le traitement des patients COVID-19 ».

Renforcement de la capacité de dépistage

La capacité de dépistage a également augmenté par rapport au mois de mai. Néanmoins, 15% des prestataires de soins de santé ont confié ne pas toujours être en mesure de tester tous les patients potentiellement infectés. La moitié de ces prestataires de soins ont précisé ne pas pouvoir effectuer de dépistage en raison de l'absence d'une prescription médicale et 29% ont encore indiqué manquer d'écouvillons ou d'autre matériel de dépistage. « Notre hypothèse est que les prestataires de soins de santé qui ont spécifié ne pas avoir de prescription médicale devaient attendre un médecin. Nous constatons que la plupar t des personnes sondées qui ont donné cette réponse travaillent dans les soins à domicile. C'est également dans ce secteur que le manque de matériel de dépistage s'est manifesté le plus fréquemment ».

Pas de vacances garanties pour 1 prestataire de soins sur 10

La première vague de patients COVID a eu un impact énorme sur nos établissements de santé. Il est important que les prestataires de soins puissent prendre congé pour se reposer un peu. Les chercheurs ont observé une évolution positive pour ce qui est de la possibilité pour les prestataires de soins de prendre des vacances. Toutefois, 10% d'entre eux ont indiqué que leur employeur ne pouvait pas garantir les jours de congé demandés. Selon le professeur Erik Franck (Université d'Anvers), il est très important de prendre des vacances. « Vous pouvez comparer la crise de la COVID dans le domaine des soins de santé à un marathon qui a été couru par tous les soigna nts. Tout comme après un marathon, il est essentiel d'avoir assez de temps pour récupérer. Une précédente étude a révélé qu'il était nécessaire de prendre trois semaines de vacances consécutives pour déconnecter du travail ».

Départs

Étant donné la pénurie actuelle d'infirmières et d'aide-soignant(e)s, il est important de répertorier l'effet de la pandémie de COVID-19 sur les départs au sein de la profession. Ce pourcentage semble limité (13,5% envisagent un emploi en dehors du secteur de la santé), mais il a néanmoins augmenté par rapport aux chiffres d'une étude réalisée en 2019 (à savoir 9,5%). Il est également apparu que le fait de posséder un diplôme de Master, de travailler avec des personnes âgées, de ne pas disposer d'équipements de protection en suffisance, de travailler dans un service d'urgence et de souffrir de problèmes physiques liés au travail s ont des facteurs qui augmentent le risque de quitter la profession.

« Grâce à cette étude, nous voulons surveiller attentivement le secteur des soins et avons déjà eu des contacts avec la taskforce COVID-19 Soins des autorités flamandes et avec les cabinets des De Block et De Backer, qui suivent tous la situation de près. » Les chercheurs appellent tou(te)s les infirmier(ère)s et aide-soignant(e)s en Belgique à participer à nouveau cette semaine à l'enquête via www.auvb.be.