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Le paracétamol est largement utilisé pendant la grossesse, avec entre 41 % et 70 % des femmes enceintes en Amérique, en Europe et en Asie rapportant son usage. Malgré la classification du paracétamol comme étant à faible risque par les agences de réglementation, telles que la FDA, des preuves croissantes suggèrent un lien potentiel entre l'exposition prénatale au paracétamol et des résultats neurodéveloppementaux négatifs, notamment le TDAH et le trouble du spectre autistique associé au TDAH, selon les chercheurs.
Cette étude a suivi une cohorte de 307 femmes entre 2006 et 2011, qui ont accepté de fournir des échantillons de sang pendant leur grossesse. Les biomarqueurs plasmatiques du paracétamol ont été suivis dans ces échantillons. Les données ont été analysées à partir de la cohorte de recherche Conditions Affecting Neurocognitive Development and Learning in Early Childhood (CANDLE), comprenant 1 031 femmes enceintes à Memphis, Tennessee, inscrites entre 2006 et 2011. Par hasard, cette cohorte n’incluait que des femmes noires, mais les résultats pourraient être généralisés à des femmes et des enfants de toutes races ou origines ethniques.
Les enfants nés de ces 307 mères ont été suivis pendant 8 à 10 ans. Parmi les femmes qui n'ont pas utilisé de paracétamol pendant leur grossesse, le taux de TDAH était de 9 %, tandis que, pour celles ayant utilisé du paracétamol, le taux de TDAH parmi leurs enfants était de 18 %.
Des métabolites du paracétamol ont été détectés dans 20,2 % des échantillons de plasma maternel. Les enfants dont les mères avaient ces biomarqueurs dans leur plasma avaient une probabilité 3,15 fois plus élevée d'être diagnostiqués avec un TDAH par rapport à ceux n'ayant pas été exposés.
L'association était plus forte chez les filles que chez les garçons, les filles des mères exposées au paracétamol ayant une probabilité 6,16 fois plus élevée de développer un TDAH, tandis que l'association était plus faible et non significative chez les garçons. Les chercheurs ne savaient pas pourquoi l'association était plus forte chez les filles.
Le paracétamol reste la principale option pour contrôler la fièvre ou la douleur pendant la grossesse. Pour les auteurs, la posologie d'un médicament contenant du paracétamol doit être discutée lors des visites prénatales. Il reste encore des recherches à mener pour savoir si certaines personnes peuvent tolérer le paracétamol pendant la grossesse sans effets néfastes sur le fœtus, tandis que d’autres non.