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Antibiotiques: nouvelles stratégies!
06/01/2021 - 09:50
Photo: Shutterstock

La résistance bactérienne aux antibiotiques constitue un défi majeur pour la santé publique. L’OMS l’a placée dans le top de 10 des menaces mondiales. Des scientifiques ont mis au point une nouvelle classe de composés qui suscitent plus que de l’espoir…

D'ici 2050, les infections résistantes aux antibiotiques pourraient faire 10 millions de victimes chaque année et coûter plus de 100 000 milliards de dollars pour l'économie mondiale. La liste des bactéries qui deviennent résistantes aux traitements avec toutes les options antibiotiques disponibles s'allonge et peu de nouveaux médicaments sont en préparation. Il y a donc un besoin urgent de nouvelles classes d'antibiotiques pour prévenir ce qui pourrait être de véritables crises de santé publique.

Les chercheurs ont adopté une stratégie originale en attaquant les bactéries sur deux fronts métabolique et immunitaire en même temps, ce qui rend difficile le développement d’une résistance.  Ils se sont concentrés sur une voie métabolique essentielle pour la plupart des bactéries, mais absente chez l'homme, ce qui en fait une cible idéale pour le développement des antibiotiques. Cette voie, appelée méthyl-D-érythritol phosphate (MEP) ou voie non-mévalonate, est responsable de la biosynthèse des isoprénoïdes -- molécules nécessaires à la survie cellulaire de la plupart des bactéries pathogènes. Le laboratoire a ciblé l'enzyme IspH, une enzyme essentielle dans la biosynthèse des isoprénoïdes, comme moyen de bloquer cette voie et de tuer les microbes. Étant donné la large présence de l'IspH dans le monde bactérien, cette approche constitue une arme à large spectre.

Les inhibiteurs de l’IspH étaient connus, mais incapables de pénétrer la paroi bactérienne. Les chercheurs en ont donc développé de nouveaux. Ceux-ci pénètrent dans les bactéries, mais en plus stimulent le système immunitaire avec une activité de destruction bactérienne plus puissante et une spécificité plus grande que les meilleurs antibiotiques actuels de leur catégorie, lorsqu'ils sont testés in vitro sur des isolats cliniques de bactéries résistantes aux antibiotiques, y compris un large éventail de bactéries pathogènes Gram négatives et Gram positives. Dans les modèles précliniques d'infection bactérienne à Gram négatif, les effets bactéricides des inhibiteurs de l'IspH ont été supérieurs à ceux des antibiotiques traditionnels. Tous les composés testés se sont révélés non toxiques pour les cellules humaines.

Reste à démontrer l’efficacité dans des études cliniques bien menées, mais ce n’est apparemment qu’une question de temps…

IspH inhibitors kill Gram-negative bacteria and mobilize immune clearance