
De nombreuses initiatives de suivi à domicile de patients contaminés au Covid-19 ont émergé dans plusieurs pays du monde durant la crise sanitaire pour faire face à la saturation des systèmes de santé. Après analyse de plusieurs projets de ce genre en Belgique, le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) conclut mercredi que, si le télémonitoring est une solution intéressante pour l'avenir, de nombreuses facettes de celui-ci doivent encore être peaufinées.
Le suivi à domicile ou télémonitoring consiste à surveiller à distance l'état de santé des malades en contrôlant certains paramètres comme leur saturatio n en oxygène, leur température ou leur fréquence respiratoire et en leur demandant de répondre régulièrement à certaines questions afin d'évaluer leur forme. Une fois transmises de manière électronique, ces données permettent aux équipes médicales de connaitre précisément l'état du patient et, le cas échéant, de décider des actions à entreprendre. L'objectif était de désengorger les hôpitaux en évitant ou en raccourcissant les hospitalisations.
En Belgique, de nombreux projets du genre se sont développés spontanément durant la pandémie et ont pu bénéficier d'un financement sous conditions de l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami). Celui-ci a ensuite demandé au KCE de procéder à l'analyse a posteriori de douze projets de télémonitoring qui ont été mis en perspective par rapport à 164 initiatives similaires à travers le monde, ayant fait l'objet de publications scientifiques internationales. L'objectif était d'identifier les bienfaits et les failles de ce système afin de réfléchir à la mise en place d'un cadre solide qui permettrait l'utilisation du tél&eac ute;monitoring dans la pratique quotidienne de la médecine. Le KCE a examiné l'organisation des projets, leurs aspects techniques et les résultats obtenus, mais aussi la satisfaction des bénéficiaires et des prestataires de soins impliqués.
Il ressort des entretiens avec les patients belges et de la littérature internationale que les malades ont globalement bien vécu l'expérience. Ceux-ci évoquent un contact humain agréable et un dispositif rassurant. Les seules difficultés rencontrées étaient d'ordre technique.
Le retour est également positif du côté des équipes de télémonitoring et des soignants de première ligne. Toutefois, même si la plupart estiment que ce système pourrait constituer une solution à la surcharge des hôpitaux à l'avenir, ils émettent également quelques critiques comme le manque d'intégration entre les lignes de soins, certains intervenants ont notamment dû travailler sans avoir accès aux dossiers des patients, et la question du partage des responsabilités.
Il ressort également du rapport du KCE que l'hétérogénéité des projets en termes de critères d'inclusion des patients, de paramètres monitorés, de fréquence des mesures, etc. rend impossible l'évaluation globale de ce système et son impact réel sur la diminution du nombre de personnes admises à l'hôpital. "Il sera cependant nécessaire de clarifier le rôle et les responsabilités de chacun des prestataires de soins impliqués, de développer un cadre conceptuel commun, d'établir des partenariats entre les différentes lignes de soins, de partager les données de manière plus efficace, etc.", précise le KCE.
Le Centre d'expertise conclut que le concept de télémonitoring est viable et mérite d'être réfléchi et approfondi. Il recommande donc de maintenir la convention Inami permettant son financement dans l'attente de preuves supplémentaires sur l'efficacité.
Les douze projets examinés pour ce rapport incluaient environ 700 patients pendant la première moitié de 2021, ce qui, selon le KCE ne représente que le "sommet de l'iceberg" du télémonitoring du coronavirus en Belgique.
Source Belga
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